samedi 21 décembre 2013

Help me make it through the night...




Voilà qui me ramène bien loin dans la mémoire de mes années passées, à une époque où je découvrais l'amour, encore interdit, et où tout donc me semblait possible. Pourquoi ce film, Mascara de Patrick Conrad, si vite tombé dans l'oubli, m'a-t-il tant marqué? Parce que j'étais amoureux de l'un de ses figurants, sans soute. Un amour trop éphémère. Et qui me donnait déjà la mesure de l'impossible amour. Tant d'années plus tard, je voudrais encore que l'on m'aide à traverser la nuit. Une nuit plus sombre désormais, que les lendemains se font plus urgents. Mais j'ai aussi aimé, je m'en souviens, le mélange des genres, des langues et des cultures. Le néerlandais m'a semblé si beau tout à coup. L'allemand plus proche que jamais. Peut-être étais-je réconcilié enfin avec ma belgitude, même si, au fond, c'est l'anglais qui domine dans cette chanson. Mais comme tout cela s’accommode ici, forme finalement une harmonie, qui laisse à rêver que dans la différence la rencontre est enfin possible. C'était mon rêve de jeunesse: croire que ma différence avait quelque chose d'universel. Croire que défendre les droits d'une minorité, c'était défendre ceux de toutes les minorités. J'ai milité pour cela, et déchanté depuis. Le droit à la différence a fait long feu, l'indifférence a gagné. Et le mariage pour tous est devenu celui de quelques privilégiés, si souvent aveuglés par leur éphémère insouciance. Ailleurs, les homos sont persécuté plus que jamais. Ici, les étrangers sont refoulés comme jamais. Partout, les égoïsmes dominent. Oh, help me make it through the night...

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