mardi 28 février 2012

De si bons témoins

Le film que je regardais ce soir, au lieu de lire cet ouvrage sur la RTBF, c'est "Les témoins", d'André Téchiné. Je suis tombé dessus par hasard, sur la Deux, parce qu'il y avait Michel Blanc et que la Une était toute absorbée par la première retransmission en direct de "The Voice". Je n'avais même pas noté que le film était de Téchiné. Mais j'ai tout de suite accroché.
J'ai vite compris qu'il était question des premières années du sida. Et puis, il y avait les beaux yeux d'Emmanuelle Béart, et la belle gueule de Sami Bouajila, et puis un ton juste, et puis un rythme, et puis des vies, des gens sincères dans leurs contradictions, leurs lâchetés, leurs désirs; que des gens généreux qui essaient de vivre et ça fait mal. Bref, c'est con, mais au bout d'une demi heure, j'ai commencé à pleurer, sans doute parce que je savais déjà la fin, puis que j'ai pensé à Berny, puis que j'ai pensé à nos vies, à cette maladie qui nous pourrit tout depuis plus de trente ans, à nos difficultés à aimer, à nos envies de vouloir tout, tout de suite, à nos peurs, à nos infidélités, à nos égoïsmes aussi. Bref, je me suis dit que c'est pas tout d'être critique vis à vis des homos égoïstes, jeunistes, consuméristes, nihilistes, faishonistes et surtout insupportables. J'ai pensé que c'est bien, aussi, de se rappeler qui on est et ce qu'on surmonte et qu'aujourd'hui encore c'est difficile d'être différent, surtout lorsqu'il s'agit d'une différence aussi intime que la nôtre. Et c'est juste à ce moment là que j'ai eu envie de te prendre dans mes bras.