samedi 1 octobre 2011

Corne de l'Afrique: les multiples causes de la faim

La crise alimentaire, qui à ce stade n’est qualifiée de « famine » par l'ONU qu’en Somalie, menace pourtant de mort 12 millions de personnes dans cinq pays de la Corne de l’Afrique: la Somalie, le Kenya, l’Éthiopie, l’Ouganda et Djibouti. On s’accorde à considérer que des facteurs consécutifs au réchauffement climatique sont à l’origine de cette crise: les deux dernières saisons des pluies se sont caractérisées par des précipitations nettement inférieures à la normale et les nappes phréatiques n’ont pas été suffisamment réalimentées. Mais le climat n’explique pas tout, loin de là...
Photo Didier Seynave en Tanzanie
- Sur le plan international, la spéculation sur les produits alimentaires entraîne une double conséquence grave. D’une part, la production agricole des pays africains est de plus en plus orientée vers l’exportation. D’autre part, les denrées alimentaires toujours plus massivement importées pour la consommation locale sont de plus en plus chères... la spirale infernale.

- Sur le plan régional, les leçons n’ont pas été tirées de la crise alimentaire de 2008. Les pays de l’Union africaine s’étaient certes engagés à augmenter la part de leur budget consacré à l’agriculture (pour atteindre 10%) et à encourager une culture vivrière pour diminuer la dépendance aux produits d’importation. Force est de constater que peu de pays ont respecté leurs engagements.
- Plus localement, la Somalie, désormais contrôlée par des milices islamistes proches d’Al-Qaïda, est en proie à de violents combats depuis les années ‘90. L’insécurité affecte la circulation des marchandises comme l’acheminement de l’aide humanitaire, souvent détournée. Elle pousse aussi sur les routes des milliers de personnes menacées par la faim et par les exactions. On estime à près de 1,4 million de Somaliens déplacés à l’intérieur du pays et 680.000 autres qui ont cherché refuge dans les pays voisins. A titre d’exemple, le camp de Dadaab, au Kenya, accueille désormais plus de 400.000 réfugiés. Il n’était prévu que pour en recevoir 90.000!
À causes multiples, responsabilités multiples? Certes. Mais la communauté internationale en porte une lourde part. Elle pourrait intervenir à bien des niveaux, sans même parler de lutte contre le réchauffement climatique. En matière d’aide urgente, bien entendu. Par une régulation de la spéculation sur les denrées alimentaires, aussi. Et dans la résolution du conflit somalien. Mais, contrairement à d’autres, cette région du continent africain est dépourvue de pétrole ou d’autres richesses naturelles qui (seules?) pourraient motiver un réel sursaut... humanitaire.