mercredi 9 mars 2011

Le pain noir de l'économie allemande

Que ceci reste strictement entre nous: il m’arrive parfois de zapper sur ARTE, lorsque le suspens de «Danse avec les stars», sur TF1, devient insoutenable. Et, dernièrement, je suis tombé, sans trop de mal, merci, sur l’excellente émission «Karambolage», qui compare, avec talent et humour, les mœurs, us et coutumes des Français et des Allemands. L’expression du jour était «manger son pain blanc», illustrée par la vertigineuse perte de popularité de Nicolas Sarkozy. Le président de la République française a donc «mangé son pain blanc» expliquait-on aux téléspectateurs germanophones, davantage amateurs de pain gris que de baguette, il est vrai. Mais pour 6,5 millions d’Allemands travaillant dans des secteurs à bas salaire, il faudrait plutôt parler de «manger son pain noir», quand il en reste... Parmi eux, 1,2 million de salariés gagnent même moins de 5 euros bruts par heure de travail, comme cet agriculteur bavarois qui n’en récolte que 4,52 ou cette coiffeuse de Saxe, obligée de survivre avec 2,14 euros horaires. Pendant ce temps, le débat fait rage outre-Rhin: faut-il ou non instaurer un salaire interprofessionnel minimum de 7,50 euros l’heure pour l’ensemble des travailleurs? Un débat vieux de plusieurs années déjà et un montant même plus indexé depuis 2007. Il est vrai que le risque d’une telle protection sociale est moins de faire une entorse à la sacro-sainte autonomie conventionnelle qui, en Allemagne, laisse aux syndicats et au patronat le soin de régler ces questions, que d’affaiblir la célèbre compétitivité allemande, et donc de mettre en danger un modèle économique dont toute l’Europe devrait s’inspirer, nous ressasse-t-on de toutes parts...