En ardent défenseur du service public, il m’arrive de surfer
entre les tunnels publicitaires pour tenter d’écouter les émissions
d’information et de divertissement de La Première radio. Un exercice
volontariste à certaines heures, il faut bien le dire. Dernier exploit en date: ce matin même...
Pour parvenir à boucler le Tour d’Europe des quotidiens, une revue de presse qui a le mérite d’offrir
un peu de recul, il m’a fallu traverser une succession de pubs aussi criardes
qu’agaçantes à force de véhiculer les poncifs de la société de consommation,
quand ce ne sont pas des stéréotypes limite racistes. «Ne comptez pas sur un
Allemand pour faire une publicité subtile», nous conseille le constructeur Opel
plusieurs fois par heure. Ben non tiens !
On peut sûrement compter sur un Allemand pour construire une voiture solide,
comme on peut se fier à un Suisse pour être à l’heure, ou attendre d’un noir
qu’il soit en retard... Mais là, je dépasse les frontières du politiquement
correct. Car si depuis soixante ans l’Europe peut rire des Allemands, comme
depuis trop longtemps les Français s’amusent des p’tits Belges et depuis
toujours les Juifs se moquent d’eux-mêmes, il y a des limites... Par exemple,
il est désormais strictement interdit de ricaner du miracle économique
allemand. Productivité, croissance, taux de chômage, le refrain est connu à
travers l’Europe qui n’a de cesse de l’entonner. Il n’y a que dans la bonne
ville de Bochum que la rengaine sonne faux, comme nous l’apprenait ce matin le
fameux Tour d’Europe de la presse. C’est qu’Opel, le principal pourvoyeur
d’emplois de Bochum, a renoncé à investir en Rhénanie-du-Nord-Westphalie pour
mieux se déployer... en Corée. Pas très subtil, en effet... et finalement pas
si solide que ça non plus.