lundi 21 mars 2011

"Les guerres puritaines"; l'esprit s'invite au débat

Si vous ne voulez pas passer à côté d’une perle, surtout ne lisez pas le quatrième de couverture des «Guerres puritaines», ouvrez directement à la page 9. Car si le résumé peut sembler hermétique, l’ouvrage lui-même, sans se lire comme un roman à suspens, capte néanmoins le lecteur par une bonne dose d’intelligence piquée de nombreux traits d’humour particulièrement rafraîchissants au vu du sujet traité: le port du voile dit islamique. Un humour qui a le bon goût de ne tourner aucun positionnement en dérision et se contente, plus subtilement, de renvoyer dos à dos les principaux protagonistes du débat. D’un côté les «puritanistes religieux» qui «prétendent que les femmes ne peuvent pas laisser voir (leurs cheveux), sauf en certains endroits privés»; de l’autre les «puritanistes laïques» qui estiment que «les femmes peuvent laisser voir leur foulard, sauf en certains lieux publics». Pour les premiers, le foulard est d’abord un vêtement qui cache certaines parties du corps féminin. Pour les autres, il est avant tout un signe, qui sert à manifester certaines convictions. Entre vêtement et signe, un champ (sémantique) de possibles s’ouvre, vaste comme le débat qui anime nos sociétés occidentales depuis une vingtaine d’années, généralement sur le dos, ou plutôt sur la tête, des femmes. Mais l’humour de Bruno Martens, a d’autres vertus que le seul décodage des symboles. Celles, avant tout, de dédramatiser le débat et de rassurer ceux qui perçoivent le foulard comme un rejet avant tout. En ne limitant pas le débat aux seuls principes, ce livre offre en effet des arguments de «simple bon sens» à ceux qui se questionnent, doutent, n’osent pas (encore) ce pas salutaire vers l’autre. «Si l’autonomie des femmes musulmanes doit être prise un tant soit peu au sérieux, conclut l’auteur, alors il faut s’interdire d’interdire tout autant que d’obliger. Il reste permis de discuter, bien sûr, d’autant plus si c’est avec humour». L’ouvrage de Bruno Martens, physicien, philosophe et par ailleurs actif sur le terrain de la cohésion sociale à Schaerbeek, est une salutaire invitation à la discussion.

Martens, B. «Les guerres puritaines, Signes religieux et vêtements pol(ys)émiques», Irfam/ L’Harmattan, coll. Compétences interculturelles (dir. Altay A. Manço), Paris, 2011.