mardi 23 octobre 2012

Voir Venise et... courir

Plus les jours passent et plus je me demande ce qui m'a pris de m'inscrire à ce fichu marathon de Venise, le 28 octobre prochain. Mes genoux aux cartilages qui se désagrègent ne me permettent pourtant plus ce genre d'aventure. Et je ne me suis pas entraîné sérieusement, emporté par les vagues plus ou moins festives de la vie et de ses désappointements. J'ai recommencé à piquer des cigarettes aux copains, j'ai enchaîné les matins de gueule de bois, et les nuits à guetter le sommeil. Mes coéquipiers m'ont répété que je ne suis pas assez sérieux. Une collègue a rêvé de moi paralysé pour plusieurs mois. Une amie m'a précisé que Venise est réputé le marathon le plus difficile. Une autre, pourtant férue de jogging, m'a traité de fou. Mon ancien chef, bête de compétition, vient de se faire opérer du genou. Mon osthéo a fait la grimace. Mon médecin m'a envoyé chez le cardiologue. Ma mère a fui en vacances à l'étranger. Et mon patron me fait des misères, mais ça, c'est une autre histoire. Plus la date fatidique approche, donc, plus l'angoisse monte. Et si mes genoux cèdent, et si mon coeur lâche, et si mes jambes se coupent, et si mon rêve se brise à quelques foulées de la ville romantique? Et si je devenais raisonnable, et si je n'avais plus de rêves, et si je renonçais à voir Venise et mourir? Alors, sans doute, je serais déjà mort.