jeudi 23 juin 2011

Jugement dernier

Y'a des jours, comme ça, où on n'a plus envie de rien. On ne sait pas trop pourquoi, et on se demande même comment on a fait pour que ça n'advienne pas plus tôt. On se dit qu'on a trop de boulot pour un salaire pas excessif, et qu'on explore des domaines peu réjouissants: le logement en crise, la gouvernance plus capitaliste qu'économique de l'Europe, la pauvreté qui grandit, la solidarité qui flétrit, l'homme qui n'a jamais été aussi bestial que depuis qu'il a inventé les dividendes, les fonds de pensions, les multinationales, les actifs toxiques, les banquiers rapaces et les économistes bornés.
Et Dieu dans tout ça? Et la guerre? L'une existe toujours, l'autre se cherche encore. Mais l'une et l'autre ressemblent de plus en plus à de simples outils au service d'un seul et sordide idéal: l'argent ou le pouvoir, le pouvoir de l'argent.
Et moi dans tout ça? Je n'ai qu'une certitude: je n'emporterai rien. Alors, j'essaie de me dépouiller, de faire en sorte qu'au dernier souffle il ne me reste qu'un lit, des souvenirs si possible heureux, un minimum de regrets et la chaleur d'une main qui tient la mienne. C'est loin d'être acquis. Tout à coup, ça me semble même tellement plus difficile que d'accumuler capital et dividendes, piscine et 4x4.
Tiens donc... est-ce que notre vieille copine la faucheuse ne se planquerait pas derrière tout ça? Que cette salope nous fasse peur à en crever, j'en suis le premier témoin, avec des milliards d'autres avant moi. Mais que cette peur nous motive à exploiter, polluer, dominer, accumuler, dicter, éliminer, génocider, massacrer, j'ai de plus en plus de mal à le concevoir, même si je crois de moins en moins au jugement dernier. Au fond, pas grand-chose de neuf ici bas. C'est peut-être ça qui me déprime le plus...