lundi 27 septembre 2010

Schaerbeek: ces morts, que l'on ne sait compter

Un peu avant minuit, elles étaient 13. Vers deux heures du matin, on n’en dénombrait plus aucune. Ensuite, on les estima à 2, à dix heures, bien après le lever du jour. Et ce fut 3 - enfin? - dans le courant de l’après-midi.

Elles? Ce sont des personnes. Des personnes avec un nom, un visage, une famille, toute une histoire qui s’est arrêtée net dans la nuit du 25 au 26 septembre dernier, lors de l’explosion d’un immeuble à Schaerbeek.

Comment le nombre de personnes décédées dans ce tragique événement a-t-il pu faire l’objet de telles spéculations, d’un aussi macabre jeu de devinettes, d’erreurs aussi grossières que choquantes ? Comment a-t-on pu faire peser, au fil des heures, de tels doutes sur les familles, sur les proches? «On», c’est personne. En tout cas pas seulement les journalistes. C’est tout un bouleversement du traitement de l’information qui interpelle.

Information qui a d’abord circulé sur un site de «sociabilisation», semble-t-il, avant d’être traitée et relayée dans un deuxième temps par les circuits plus traditionnels: dépêches d’agences, publications sur les sites internet de divers médias «professionnels», mais avec les mêmes erreurs. L’urgence, la loi de l’immédiateté imposée notamment par Internet, n’ont pas permis de vérifier l’information. De toute évidence.

Faut-il s’en faire une raison? Les nouvelles technologies ne laissent guère de temps à la vérification, encore moins au recoupage de sources ou à la contradiction. Mais ne pouvait-on pas, quelques heures durant, se contenter d’annoncer une «forte explosion, dont on ignore encore si elle a fait des victimes et combien»?