mercredi 4 avril 2012

"Pourquoi Jean-Michel Aphatie ne s’offrirait-il pas un stage avec de vrais journalistes de terrain?"

Ainsi donc le fils d'Eva Joly a remis à sa place Jean-Michel Aphatie, le chroniqueur politique de canal + et d'RTL, en lui suggérant un stage "avec de vrais journalistes de terrain"... Quel B.O.N.H.E.U.R.! Je n'ai rien, a priori contre Aphatie, ni contre les chroniqueurs politiques, parisiens ou non. Dans la mesure où ils font leur boulot. Mais est-ce du journalisme, même politique, d'annoncer en primeur que la candidate d'Europe Ecologie est hospitalisée, quand on en a été averti par pure politesse pour ne pas embarrasser une émission du lendemain et qu'on ne prend même pas le peine de vérifier l'information? Non, évidemment. Ce n'est pas du journalisme digne de ce nom, ce n'est même pas de la presse de caniveau, c'est juste indécent et anti-déontologique. Et qu'on relaie l'info sur un tweet, dans une gazette, sur les ondes d'une radio on les antennes d'une télé n'y change rien. Le journalisme est le même sur tous les supports, la déontologie ne souffre aucune exception. C'est à ce prix que le métier d'informer gardera ses lettres de noblesse et que la société dans son ensemble sera mieux armée pour rester distante, critique, indépendante, démocratique avec le beau projet émancipateur que cela implique. Or le pathétique épisode Aphatie, comme tant d'autres ces derniers mois, ces dernières années, est juste révélateur de la tendance inverse. L'info pertinente n'est plus celle qui résulte d'un travail d'enquête et qui nourrit une lecture pertinente des enjeux du vivre ensemble, elle est celle qui fera un buzz, des clics sur internet, des ventes, du bruit, du vent. Le danger n'est pas anodin, avec les nouvelles technologies et l'apogée d'une société du spectacle comme la prédisaient les situationnistes, de voire les règles s'étioler, la déontologie piétinée, l'info défigurée, la dignité humaine dégradée. C'est d'autant moins anodin que c'est sur ces bases là, sur ces ruines là plutôt, que se construisent et grandissent les totalitarismes. Que les donneurs de leçons des salons parisiens y pensent aujourd'hui, pour que demain ils puissent poursuivre leur travail de critique légitime sans avoir à le justifier.

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