C’est sûrement trop facile, mais une fois de plus je suis
choqué par les médias – je sais, ce terme générique ne veut pas dire grand
chose – et par l’incohérence à laquelle ils peuvent contribuer. Aujourd’hui, en
dehors du froid et de la neige qui paralysent le pays, le «buzz» comme on
dit, c’était ce téléspectateur qui a écrit à TF1 pour connaître l’adresse
du docteur House afin de pouvoir le consulter. C’est dingue, en effet. Comment
un pauvre garçon du fin fond de la France a-t-il pu prendre une fiction pour la
réalité ? On s’étonne, on rigole, on se file l’info sur Facebook et l’on
fait même tourner la copie du courrier du Monsieur à sa chaîne préférée. En
personne n’a pris soin de masquer son nom et son adresse. Et ce Monsieur
passera pour un con. Au village on ne manquera pas de le lui rappeler, avec toute
la cruauté que cela implique. En attendant, personne ne se demande pourquoi ce téléspectateur, qui souffre sûrement dans sa chair depuis trop longtemps, en est
arrivé à croire à un médecin de pacotille. Sans vouloir remette la médecine
traditionnelle en cause, je ne peux m'empêcher de me demander si ce
téléspectateur est très différent de toutes ces personnes bien pensantes qui se
rabattent sur un guérisseur, un rebouteux, un diseur de bonnes recettes toutes
faites après des mois ou des années de souffrances non calmées. Et pourquoi le
blâmer lui qui espère soigner un mal, alors que personne ne s’interroge sur ces
masses de jeunes qui rêvent, grâce à la même télévision, de devenir stars de la
chanson ou du cinéma, au risque de se ridiculiser face caméras? Ces jeunes qui entendent au fond mettre un terme à leur vide intérieur... Où est la
différence au fond ? La télé nous fait rêver, nous permet d’oublier nos
maux, de nous évader. Elle ne s’en cache pas. Pourquoi ce Monsieur devrait-il
être blâmé d’avoir cru, un instant, alors que tout était mis en place pour que
cela advienne, que Docteur House pourrait soulager ses souffrances ?
Heureux celui qui n’a jamais souffert. Plus heureux encore celui qui juge sans
réfléchir. Je n'ai rien à dire sur ceux qui font souffrir par plaisir. Mieux vaut ne pas en parler.