mardi 12 juin 2012

«Facebook est gratuit...», mais le sera-t-il toujours?


Si vous faites partie des 900 millions de membres du célèbre réseau social, vous connaissez sûrement ce slogan rassurant: «Facebook est gratuit et le sera toujours». Vu l’attachement des internautes à la gratuité, cet avertissement en page d’accueil du site relève d’ailleurs du bon sens. Pour garantir cette gratuité, Facebook a surtout misé sur la publicité, ciblée en fonction du profil des utilisateurs, qui représente environ 85% de son chiffre d’affaires.
Car l’entreprise de Mark Zuckerberg n’a rien d’une oeuvre caritative. Elle affichait au dernier exercice un bénéfice net d’environ un milliard de dollars... ce qui l’a poussée vers Wall Street et le Nasdaq. Facebook est donc entré en bourse de New York le 18 mai dernier. Les jours précédents, les spéculations allaient bon train dans les milieux informés. On annonçait l’action à 35 ou 38 dollars et une valorisation à plus de 104 milliards de dollars au total... pour un service, rappelons-le, tout à fait virtuel. Un record certes, mais totalement déraisonnable. Sachant que Facebook affichait en 2011 un chiffre d’affaires de 3,7 milliards de dollars et en tablant sur le fait que ce chiffre doublerait tous les ans - ce qui est optimiste -  un journaliste du magazine «Fortune» a calculé qu’il faudrait 6 ans pour rentabiliser l’investissent. Complètement irrationnel, lorsque l’on se rappelle que les investisseurs veulent des retours élevés et surtout rapides. Pourtant, l’enthousiasme n’a pas faibli à la veille des premières cotations boursières, et le prix de départ du titre a bien été fixé à 38 dollars. Car dans le monde merveilleux de la finance débridée, on n’achète pas des actions parce qu’on pense que l’entreprise va décupler ses bénéfices, on investit si l’on croit qu’on trouvera quelqu’un prêt à racheter ces actions plus chères qu’on les a payées. On appelle cela de la spéculation. Spéculation qui contribue à gonfler des «bulles» prêtes à exploser au premier revers.
Ce revers, des spécialistes de l’économie du Net comme Jeffrey Cole ou Eric Jackson l’annoncent d’ici 5 à 8 ans. Lorsque Facebook et Google seront peut-être détrônés par des services mieux adaptés à la nouvelle configuration d’internet, pour les mobiles ou pour toute autre évolution. Mais Facebook vient de rassurer les spéculateurs en confirmant - outre le mariage très à propos de Mark Zuckerberg - que désormais il ferait payer ses utilisateurs qui veulent être «plus visibles» sur la toile. Voilà qui serait un sérieux coup de canif à la sacro-sainte gratuité du service. Et peut-être une grossière erreur. Car si les internautes sont prêts à supporter des fenêtres publicitaires plus ou moins intrusives en compensation de services gratuits, on imagine mal qu’ils seront prêts à payer «deux fois»: le service plus la publicité. Après tout, ce sont eux, leurs amis, et les amis de leurs amis qui constituent le formidable carnet d’adresses et la valeur ajoutée de Mark Zuckerberg...

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